Pour caler un meuble...

A force de faire les poubelles des grands écrivains disparus, on prend le risque de publier des trucs qui ne font pas véritablement honneur à leur plume. J'avais récemment lu un article du Monde qui parlait justement de la découverte d'un ensemble de textes de Pessoa, réunis après coup sous le titre Quaresma, Déchiffreur. La lecture de l'extrait intitulé L'Affaire Vargas est la preuve irréfutable qu'il vaut mieux parfois laisser les manuscrits là où ils sont, ce qui nous éviterait d'avoir à subir des élucubrations pseudo-psychologiques qui, au milieu de chapitres largement incomplets en font un récit totalement imbitable. En plus lorsque l'on sait que L'Affaire Vargas est la nouvelle la plus élaborée du recueil, cela laisse rêveur sur la compréhension des autres.
Dans le même genre, 13th Note aurait été avisée de laisser dormir sous une caisse de rouge le manuscrit de Shakespeare n'a jamais fait ça, oeuvre posthume du divin Bukowski. Etant donné le reste de la bibliographie, on aurait pu croire qu'on allait tomber sur une perle et on salivait d'avance de découvrir les péripéties de l'écrivain et de sa nana sur le Vieux Continent. En fait de péripéties, hormis le fait d'avoir raté la correspondance en train pour Paris, rien de bien folichon à se mettre sous la dent. Pépé et Mémé sont allé visiter des parents à Nice, ont assisté à une course hippique et bu quelques bouteilles de vin. Même les photos de Montfort nous font bailler. 
On se consolera un peu avec La route de Los Angeles de John Fante, sorti en dernier mais qui, chronologiquement, prend place juste avant Bandini puisqu'il revient sur ses 18 ans, lorsqu'il vivait avec sa mère et sa sœur, et qu'il peinait à se faire une place au sein du foyer. Entre l'écrivain qu'il souhaite devenir et le chargé de famille que lui impose sa catégorie de mâle, le jeune Bandini ne sait que choisir, affichant vanité et mythomanie pour mieux cacher ses faiblesses aux yeux de tous. Un bouquin pas mauvais en soi, mais pour lequel Fante n'a pas la gouaille habituelle et, par conséquent, dont la lecture n'est pas indispensable excepté si l'on est un inconditionnel de l'auteur.


Commentaires