Extrêmement fort et incroyablement près - Jonathan Safran Foer (2005)

Il aura fallu cinq années à J. Safran Foer pour évacuer les décombres qui restaient des attentats du 11 septembre dans sa mémoire. Oskar Schell a neuf ans et a perdu son père dans l'effondrement des tours. Il lui faudra en faire le deuil. Mais quand le corps n'est pas retrouvé c'est plus dur. C'est peut-être pour cela qu'il se lance dans cette quête à priori invraisemblable à partir d'une clé dont il doit retrouver la serrure, autant dire rien ou pas grand chose. Une dernière quête pour lui, pour être avec lui une autre fois, pour être avec ce père qui ne lui a pas dit au revoir quand il est parti.
En prenant comme décor le New York encore meurtri post-2001, Safran Foer ne s'est pas trop cassé la nénette, c'est vrai. On attendait plus de ce côté-là de l'auteur du superbe Tout est illuminé. Idem pour l'histoire, somme toute assez banale et pas des plus captivantes. En temps normal, je serais pas allé très loin, mais derrière cette œuvre il y a la logorrhée de l'auteur, magique, sachant faire pardonner sa fainéantise par son inventivité, son dynamisme, ses multiples narrateurs, ses flash-backs dont on ne comprend la finalité que lorsqu'il l'a décidé. Safran Foer maltraite son support, en faisant quasiment un champs de manœuvre, d'expérimentation,  pour son écriture qui n'hésite pas à se nourrir, en plus des caractères traditionnels, d'onomatopées, de bruits, de pages blanches, d'alignement de chiffres pour qui sera assez patient à les décoder. Un ton en-dessous de sa première œuvre mais Extrêmement fort et incroyablement près se dévore avec appétit.

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